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Réponse n° 14
Domaine

peinture

Dénomination

tableau

Titre

Paysage

Auteur/exécutant

MATISSE Henri

Précision auteur/exécutant

MATISSE : Le Cateau-Cambresis, 1869 ; Nice, 1954

Ecole

France

Période création/exécution

1er quart 20e siècle

Millésime création/exécution

1919

Historique

C'est en 1898, lors d'un voyage en Corse que Matisse découvre la lumière du Sud : " J'étais en Corse une année, c'est en allant dans ce pays merveilleux que j'ai appris à découvrir la Méditerranée, là-bas j'étais ébloui : tout brille, tout est couleur, tout est lumière. "(1) Il commence à introduire dans ses paysages de facture impressionniste, quelques touches de couleurs vives encore discrètes qui trouvent leur point d'aboutissement dans l'exacerbation colorée des toiles fauves peintes à Collioure durant l'été 1905, aux côtés de Derain. Matisse voyage constamment, alternant séjours parisiens et séjours autour du bassin méditerranéen, visitant l'Espagne méridionale et le Maroc entre 1910 et 1913. En décembre 1915, il est à Marseille avec son ami Marquet ; il y retourne l'été suivant, puis de nouveau à la fin de l'année 1917, à l'hôtel Beauvau. Matisse séjourne de manière régulière à Nice à partir de la fin de l'année 1917. Il a alors presque 50 ans et traverse une période d'intensives recherches et de remise en cause des formules adoptées jusqu'ici. Durant l'immédiat après-guerre, un retour à l'ordre et à la leçon des maîtres, s'opère de façons différentes chez les artistes. Braque se tourne vers l'ouvre de Chardin, Bonnard qui se trouve à Antibes et que Matisse visite en décembre 1918, concentre ses recherches sur le dessin, Picasso traverse sa période ingresque. Matisse se réfère à Manet et prend conseil auprès du vieux Renoir, qu'il visite dans sa maison Les Collettes à Cagnes. Le 7 février 1920, Messieurs Bernheim-Jeune achètent cinq toiles de Matisse peintes à Nice en 1919 dont Paysage (n°334) de la collection Senn, Le Repos (n°347), Nice- la mer (n°354), Femme auprès de la fenêtre (n°355), Ma Chambre à Nice (n° 356) (2) . A Nice, Matisse peint des intérieurs à la fenêtre, des odalisques, souvenirs de son voyage au Maroc ou de nombreux portraits des membres de sa famille, réalisés dans la chambre des différents hôtels où il réside. Les paysages purs et notamment les vues de l'arrière pays sont encore peu connus. Matisse confie à Gaston Diehl en 1954 : " Dans ces temps difficiles, j'attendais les communiqués, le courrier. Je ne pouvais plus m'absorber dans une ouvre qui m'aurait demandé trop longtemps pour concrétiser mes sentiments. J'allais faire du paysage parce qu'il m'était ainsi possible de conclure en deux ou trois séances. Et dans ce travail d'intimité avec la nature, je retrouvais un peu de calme. "(3) Son intérêt renouvelé pour le paysage marque une rupture avec ses toiles impressionnistes et fauves. Ce n'est plus la couleur qui organise le tableau mais une lumière diffuse et douce qui imprègne toute chose. Ce n'est pas la lumière du soleil mais une lumière spirituelle. Ce retour à la nature correspond aussi avec le besoin de se ressourcer et le désir de trouver un mode d'expression nouveau. " [.] je m'évadais donc de l'espace qui se trouvait dans le fond du motif du tableau, pour sentir en esprit au-dessus de moi, au-dessus de tout motif, atelier, maison même, un espace cosmique dans lequel on ne sentait pas plus les murs que le poisson dans la mer- Aussitôt les valeurs (différences du Noir au Blanc) s'allègent et les parties d'ombres ne sont plus " profondes comme des tombeaux ",- La peinture en devient aérée même aérienne. "(4) Les paysages réalisés durant la période niçoise, ont cette même communauté d'esprit de la lumière. La touche se fait transparente, légère, laissant apparaître de nombreuses zones blanches de la toile laissée en réserve. Le noir, chez Matisse et Bonnard au même moment, et Manet avant eux, exprime l'intensité lumineuse. Matisse module et anime la surface de la toile par le rythme des branchages noirs des arbres le long du chemin. L'immersion du peintre dans le sentiment de la nature se transpose dans ses toiles, non par une description analytique du motif de l'arbre mais par un sentiment d'harmonie végétale et de paix. " Je me suis servi de la couleur comme moyen d'expression d e mon émotion et non de transcription de la nature. J'utilise les couleurs les plus simples. Je ne les transforme pas moi-même, ce sont les rapports qui s'en chargent. Il s'agit seulement de faire valoir des différences, de les accuser. Rien n'empêche de composer avec quelques couleurs, comme la musique qui est bâtie uniquement sur sept notes. "(5) Matisse invente des signes reconnaissables pour celui qui contemple ses toiles. Dans L'Allée d'oliviers (1919, Musée d'Art Moderne de la ville de Paris), ouvre datée de la même année, l'arbre est le motif principal. Le mouvement ascendant des troncs et des branchages sombres, organise les couleurs estompées et légères du feuillage, et de la terre du chemin. Le feuillage existe comme un rapport de masses colorées Les couleurs diaphanes participent à l'émotion du peintre face à la beauté de la nature. Cette immersion au cour du paysage niçois, s'appuie sur l'expérience impressionniste de ses débuts et sur l'harmonie des paysages de forêt de Corot que Matisse appréciait tout particulièrement. La liberté qu'il adopte face au motif intervient après une longue période de construction de l'ouvre avec laquelle Matisse avait décidé de rompre. Il confie à R. Hoppe, venu visiter l'exposition de ses ouvres récentes, chez Bernheim-jeune (du 2 au 16 mai 1919) : " J'ai travaillé en impressionniste directement d'après la nature et j'ai ensuite cherché la concentration et une expression plus intense aussi bien dans les lignes que dans les couleurs, alors il fallait que je sacrifie en partie d'autres valeurs, la matière, la profondeur dans l'espace et la richesse du détail. " Matisse peint déjà, à Clamart, à partir de 1917, des chemins bordés d'arbres, des allées boisées, thèmes qu'il reprend à Nice dès son arrivée. Le paysage pur va disparaître après le voyage de Matisse à Tahiti en 1930, mais il revient sur le motif de l'arbre dans les années 40. Le 31 août 1939, il découpe dans des papiers aux couleurs multicolores, des feuilles d'arbre au dessin simplifié. La feuille, qu'il a négligé jusqu'à présent au profit du tronc et des branches, devient un motif prédominant. Stylisée, au crayon ou à l'encre de chine, elle orne les livres de poèmes que Matisse illustre et illumine de ses courbes les vitraux de la chapelle de Vence, en devenant Arbre de vie. Géraldine Lefebvre (1) Dominique Fourcade, Henri Matisse. Ecrits et propos sur l'Art, Paris, Hermann, 1992, note 59, p.103-104. (2) Numéros attribués par la famille Bernheim. Guy-Patrice et Michel Dauberville, Matisse chez Bernheim, Paris, Editions Bernheim-Jeune, 1995, 2 vol. (3) Dominique Fourcade, opus citatum, note 59, p.104. (4) Propos recueillis par Gaston Diehl dans Art présent, n°2, 1947.

Matériaux/techniques

peinture à l'huile, toile

Dimensions

Hauteur en cm 38 ; Largeur en cm 46 ; profondeur 0.3 ; Hauteur avec cadre en cm 49.7 ; Largeur avec cadre en cm 57 ; Epaisseur avec cadre en cm 4

Inscriptions

signature ; inscription

Précision inscriptions

signature, en bas à gauche, Henri Matisse ; étiquette, inscription, au dos : 1- Deux étiquettes très lacunaires une avec inscription au stylo rouge : ...Z...SS 4 M (?) et l'autre avec inscription au stylo bleu: 2... /...5/Z...LB...JL 2 - inscription au crayon bleu : 6 ou 9 3 - Etiquette avec inscription à la plume : N° 21938 /H Matisse / Paysage / EEOO EEOO 4 - Tampon des douanes françaises 5 - à la craie : 32 6 - pastille jaune avec inscription au stylo : 875 7 - étiquette autocollante avec inscription au crayon : 231 8 - inscription au crayon rouge : 21938 9 - inscriptions au crayon : 31 ou BJ (?)

Sujet représenté

paysage (maison, chemin, arbre, nuage)

Etat de conservation

Bon état

Lieu de conservation

Le Havre ; musée Malraux

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

Statut juridique

propriété de la commune ; donation ; Le Havre ; musée Malraux

Date acquisition

2004

Anciennes appartenances

Collection de l'artiste ; Galerie, Bernheim-Jeune, 1920, (Acheté à l'artiste le 7 février 1920 n° 21 938 (cliché CL 3023).) ; Collection privée, Moch, 1920, (Vendu à Moch le 2 mars 1920 4 545 Fr.) ; Collection privée, SENN Edouard, Sotheby's Londres, 1975, (Vente Sotheby's, Londres, le 1er juillet 1975, n° 32. Acquis par Edouard Senn pour 25 000 £.) ; Collection privée, SENN Olivier ; Senn-Foulds Hélène ; Collection SENN

Numéro d'inventaire

2004.3.51

Exposition

De Courbet à Matisse. Donation Senn-Foulds, Le Havre, musée Malraux, 13 mars-12 juin 2005

Bibliographie

Dauberville (Guy-Patrice et Michel), Matisse chez Bernheim-Jeune, Paris, Bernheim-Jeune, 1995, 2 vol. (vol.2, p.801, n°334)
Blanchard (Michèle), Haudiquet (Annette), Lefebvre (Géraldine), Mélot (Jean-Pierre), De Courbet à Matisse. Donation Senn-Foulds, Paris, Somogy Editions d'Art, 2005.

Copyright notice

© collection SENN, Le Havre, musée Malraux, © Direction des musées de France, 2005

 

Renseignements sur le musée

 

Contact musée

 

Cet artiste aux Archives Nationales (base Arcade)

Site complémentaire

Musées en Haute-Normandie

 

07200002033

Notices :  

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Requête :   ((32) :APTN )
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