Description
|
Un charmant tableau de société qui présente de plus l'avantage de nous faire échapper aux habituelles représentations terre à terre de cordonniers ou de savetiers au travail. Si le détail des bottes avec leurs tirants est bien observé (l'une est en train d'être enfilée, l'autre gisant à terre dans un pittoresque amas au premier plan où se remarque un éperon), la scène est presque énigmatique : pourquoi faire du personnage principal un maître de musique (notice du catalogue de la vente de juin 2002) ? C'est une analyse par trop anecdotique et comme plaquée sur le donné visuel de l'oeuvre. L'instrument de musique, tellement bien offert à la vue, se montre par là-même d'une présence symbolique que renforce le cahier de chants. Ne signifierait-il pas la vanité d'une existence vouée aux plaisirs éphémères ? Le personnage en bonnet et négligé du matin (il n'est pas encore tout à fait habillé et paré comme il convient) mais de haut niveau social - d'où ses bottes aristocratiques, d'origine militaire mais utiles aussi pour la chasse et l'équitation (cf. une représentation voisine chez Sweerts, Maître et valet, vers 1650, collection particulière, U.S.A.) -, qui emploie un petit serviteur et qui porte un haut chapeau conique noir, posé sur une table à riche tapis, signe de richesse, est en train de se préparer pour sortir à l'extérieur. La chambre à lit palatial et au détail trivial et typé du vase est peut-être celle d'une maison de rendez-vous galants... Reste à goûter la somptueuse harmonie de rouges et de bruns tranchés de blancs, l'atmosphère rembranesque d'un clair-obscur chaud et profond, le poétique silence de la scène qui font de cet artiste leydois un heureux rival de Maes et de peintres d'intérieur comme Metsu et Ter Borch, non loin aussi de Vermeer et de Pieter de Hooch. Décidément, un tableau paré de toutes les séductions picturales : un joli plus accordé à l'esprit didactique d'un musée d'artisanat et de technique
|