Précision sujet représenté
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Le Christ en croix est représenté de face, au premier plan de la composition. A sa droite, au pied de la croix, la Vierge pâmée, vêtue d'une robe bleue, est soutenue par saint Jean en tunique et manteau rouges. A gauche de la Vierge se tiennent deux saintes femmes en pleurs, la tête couverte d'une coiffe. Le manteau de la première est coupé par le bord gauche du tableau. La présence du vase à parfum pourrait la désigner comme étant Marie-Madeleine, mais cette dernière est plutôt à identifier avec la femme en prière, debout à la gauche du Christ. Tournée vers la croix, elle porte une robe rouge sous un manteau bleu sombre, qui couvre aussi sa tête. A l'arrière-plan, on aperçoit la porte et les murailles de Jérusalem, dans un paysage de collines sous un ciel crépusculaire. La composition est empruntée à la Crucifixion gravée par Albrecht Dürer pour sa Grande Passion. Si le tableau reproduit fidèlement la plupart des figures de la gravure, il l'a simplifiée, en supprimant les éléments liturgiques (les anges recueillant le sang du Christ) et narratifs (les deux cavaliers de droite), et l'a partiellement transformée : ainsi, la nette réduction de la croix dans sa hauteur crée une relation plus intime entre le Christ et ses proches ; saint Jean n'est plus à genoux mais debout derrière la Vierge ; enfin, la figure de Marie-Madeleine, placée initialement à gauche entre les deux saintes femmes, est ici inversée pour occuper à droite au premier plan la place des cavaliers. Elle occupe donc la position habituellement dévolue à saint Jean dans les types de Calvaire à trois personnages (Christ, Vierge, saint Jean). Cette particularité iconographique s'explique peut-être simplement par la destination originelle de l'oeuvre. Par rapport à son modèle gravé, le tableau offre un dessin très simplifié, particulièrement dans le rendu des drapés : perizonium, plis cassés de la robe de la Vierge, manches de Madeleine et coiffe de la sainte femme de gauche. Les mains et les visages des saintes femmes sont d'une exécution très fruste. Mis à part le paysage très remanié, seul saint Jean, au visage rond et juvénile, drapé dans son grand manteau rouge aux pans flottants ne doit rien à cette gravure ; mais dans un Calvaire plus tardif attribué aussi à Dürer, apparaît un saint Jean similaire soutenant la Vierge affaissée sur le côté. Les modèles gravés de Dürer ont connu une large diffusion dans les Pays-Bas et sans doute dans le Nord de la France, en particulier après le voyage de l'artiste dans les Flandres en 1520-1521. Selon un usage assez fréquent au début du XVIe siècle, la composition de Douai résulte d'une simple combinaison d'éléments empruntés à ces modèles. Faute d'oeuvres comparables, il nous paraît hasardeux de rattacher ce tableau, dont on ignore d'ailleurs la provenance ancienne, à l'école douaisienne. On peut supposer qu'il a été peint dans les premières décennies du XVIe siècle, probablement dans un atelier flamand, pour un client qui vouait une dévotion particulière à Marie-Madeleine.
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Bibliographie
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Catalogue des collections du musée de Douai en 1937, rédigé par Stéphane Leroy, conservateur : "Catalogue des peintures, sculptures, dessins et gravures exposés dans les galeries du musée de Douai, publié sous les auspices de la Municipalité par Stéphane Leroy conservateur du musée, 1937" (NO 181)
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