Historique
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Avec son clair-obscur où se dissolvent les formes, l'absence quasi totale de couleurs, la matière maigre éraflée par l'extrémité du manche de la brosse, la discrétion du motif qui n'en possède pas moins une grande force d'expression, cette oeuvre, encore peinte à l'huile sur une toile, est caractéristique de la première période de Jean Fautrier. Elle peut être située au même moment que "La jolie Fille" (1927), "Les Poires" (1927), "Le Bouquet bleu" (1929), entre 1926 et 1929, date à laquelle l'artiste abandonnera la toile pour peindre sur papier. Ces oeuvres où les natures mortes prédominent avaient valu, avant les "hautes pâtes", sa première réputation à Fautrier : Louis Vauxcelles lui-même n'avait pas hésité à écrire au moment de leur exposition chez Georges Bernheim en 1927 : "Ce qu'il fait ne ressemble à rien de connu, malgré certaines analogies avec les belles ténèbres de Rouault, et peut-être quelque parenté dans les toiles anciennes, avec Vlaminck. Cet art sobre, pathétique décèle une âme farouche. Cauchemar fuligineux, accords bleus-noirs, pourpres sanguinolents, verts profond. Des apparitions spectrales, qui hallucinent, émergent de ces fonds de ténèbres : parfois une sorte de halo des auréoles. Un goût morbide pour les sujets effrayants rapproche Fautrier de Soutine, mais ce n'est qu'une parenté extérieure, le faire de Fautrier étant lisse, sonore, d'un bel éclat stannifère, alors, que la matière du coloriste russe est tout en empâtements... " (André Berne-Joffroy, 1964).
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Bibliographie
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Lemoine (Serge), musée des beaux-arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, tome 2 : oeuvres réalisées après 1900, Ville de Dijon, 1976 (n° 276, reprod.) Jean Fautrier, Martigny : Fondation Pierre Gianadda, 2004-2005 (p. 31 (reprod.) et 32)
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