Historique
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A l'occasion de l'exposition Charles Cottet, Espagne, montagnes, Alpes de Savoie, Galeries Allard en 1921, Léonce Bénédite, dans la préface du catalogue, soulignait, non sans emphase, le talent de l'artiste pour peindre les montagnes dans les environs du Lac Léman : " Ce sont, tantôt les lignes bleues des Alpes ondulées sur le ciel aux nuages sulfureux, tantôt les sommets perdus dans les vapeurs violettes et roses, les rayons filtrant à travers les nuages accumulés dans une fantasmagorie de roses, de violets, de jaunes citrons, de pourpre pâle ; tantôt les cimes incendiées sur le ciel lourd d'orage, la terre cahotée, crevassée, d'où montent les vapeurs du soir comme de lentes et immenses fumées. Nul n'a rendu, certainement, ces sublimes spectacles des hautes solitudes avec autant de recueillement ému et de solennelle grandeur. " Entre 1900 et 1910, années durant lesquelles il connaît une renommée internationale, Charles Cottet séjourne régulièrement en Savoie. Originaire du Dauphiné, après avoir éprouvé les lumières franches et les couleurs vives de l'Espagne et de l'Orient, il vient se ressourcer dans les paysages de son enfance. A proximité des rives du Lac Léman, aux alentours du village de Féternes, il peint les sommets environnant du Jura et des Alpes sous des ciels souvent fortement contrastés. Ces oeuvres sont réalisés d'une manière très spontanée. Cottet officie presque instinctivement, laissant libre cours à son geste qui étale à la brosse une matière très fluide. Telle est construite la montagne de la collection Senn, hâtivement. La spontanéité et la vitesse d'exécution contribuent à renforcer le surgissement de la montagne au sommet de laquelle s'accrochent d'onctueuses brumes qui laissent percer la lumière. Leur fluidité et leur mobilité est rendue d'une façon très moderne : l'artiste en réservant certaines parties de son support de carton parvient à créer des trouées plus sombres qui donnent au ciel sa profondeur. Le même procédé, utilisé sur les flancs de la montagne, lui permet de varier ses tons de noirs et de modeler cette immense masse. Cette technique, très moderne, qui prolonge les libertés de touche des impressionnistes et annonce la facture des Fauves a peut être été influencée par la peinture à l'essence que pratique Toulouse-Lautrec. Quoi qu'il en soit, Charles Cottet la maîtrise parfaitement. Elle lui sert à décrire le plateau depuis lequel il peint Le Jura et le Lac Léman vus de Féternes ( Orléans, Musée des Beaux-Arts) ou bien Brouillard en Savoie (Tokyo, Musée National d'Art Occidental, collection Matsukata). Cette dernière oeuvre entretient d'étroit rapport avec celle de la collection Senn. L'artiste y oppose en effet la masse sombre et dramatique d'une montagne dont les flancs sont léchés par de mouvantes écharpes de brume. La réussite de tels contrastes, qui prolongent en ce début de siècle une certaine idée du paysage romantique, mérite les éloges répétés de son protecteur Bénédite, alors conservateur du musée du Luxembourg : " Ainsi l'a-t-on vu [se renouveler] dans le cher pays savoyard dont il a rendu les neiges, les brumes, les nuées, les orages, toute cette vie et ce drame des éléments dans la montagne, avec une vision unique. " J.-P. M. ; en rapport avec : Brouillard en Savoie
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Précision inscriptions
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signature, en bas à droite, Ch. Cottet. ; inscription, au dos, 1 - (crayon rouge) 8. 2 - (crayon bleu) 03403. 3 - (au crayon) 8403. ; étiquette, au dos, 1 - (circulaire) 10 2 - (en partie déchirée à l'encre) n° 3. 3 - (l'encadreur) Havard. 4 - autocollante 273 ; cachet, au dos, Dorure Tableaux Encadrement/ Havard Frères / 125, Bd Montparnasse/.../ Rentoilage de tableaux / Emboîtage et étuvage de pastels.
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Bibliographie
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Blanchard (Michèle), Haudiquet (Annette), Lefebvre (Géraldine), Mélot (Jean-Pierre), De Courbet à Matisse. Donation Senn-Foulds, Paris, Somogy Editions d'Art, 2005.
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