estampe

Les misères et les malheurs de la guerre (11) : La pendaison

CALLOT Jacques (dessinateur , graveur) ; HENRIET Israël (éditeur)

CALLOT : Nancy, 1592 ; Nancy, 1635 ; HENRIET : Nancy, 1590 ; Nancy, 1661 ; Israël Henriet est l'oncle d'Israël Sylvestre (1621-1695) et ami de Callot dont il obtient l'exclusivité des éditions de ses eaux-fortes en 1629.

France

19e siècle, ?

retirage

La série intitulée Les Misères et les malheurs de la guerre, dite aussi Les Grandes Misères de la guerre, demeure sans doute l'oeuvre la plus connue de l'artiste. Composée de 18 planches, elle est gravée en 1632, puis éditée en 1633 par son ami d'enfance Israël Henriet (1590-1661), qui en garde l'exclusivité. Pour perfectionner sa technique favorite de l'eau-forte, Callot élabore un nouveau procédé : un vernis dur recouvre désormais la plaque de cuivre, ce qui lui permet d'obtenir un tracé précis et d'une grande finesse. Au cours du temps, cet ensemble de gravures a suscité de nombreuses interprétations : pour certains, il constituerait d'abord une preuve édifiante des cruautés perpétrées pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648). D'autres y verraient plutôt une dénonciation de l'envahissement du duché de Lorraine par les troupes du roi Louis XIII en 1633. Intitulées au XVIIe siècle La vie du soldat, ces eaux-fortes seraient finalement une illustration des différents aspects de la vie militaire, de l'enrôlement au paiement de la solde. Par ailleurs, elles permettent de souligner les nombreux méfaits des soldats, qui n'hésitent pas à attaquer ou voler la population. Très éclairants pour la compréhension des saynètes, six vers en français, disposés deux par deux dans la légende des planches du deuxième état (c'est-à-dire la deuxième des trois éditions de la suite de gravures de Callot), ont été rédigés par Michel de Marolles (1600-1681). En plus de leur indéniable intérêt esthétique, Les Misères et les malheurs de la guerre constituent un précieux témoignage historique sur cette période troublée du XVIIe siècle. Enfin, doté d'une véritable personnalité stylistique, l'oeuvre gravé de Jacques Callot fut de nombreuses fois copié et imité depuis le XVIIe siècle.
Tirage d'après l'édition de 1633

17e siècle

papier vergé, eau-forte

H. 9,4 cm ; l. 19,5 cm

signature ; inscription ; numéro

signé et daté en bas à gauche : Jac. Callot fecit et au centre : Israël exc. 1633 ; inscription sous le trait carré : A la fin ces Voleurs infirmes et perdus / Comme fruits malheureux a cet arbre pendus / Monstrent bien que le crime (horrible et noire engeance) / Est luy mesme instrument de honte et de vengeance / Et que c'est le Destin des hommes vicieux /Desprouver tost ou tard la iustice des Cieux ; numéro en bas à droite : 6 dernier

scène (guerre, soldat, sentence, prisonnier, camp militaire, infanterie, arbre : pendaison, justice, peine de mort, religieux : bénédiction)

Au centre de la feuille, plusieurs pendus sont accrochés aux branches d'un vieux chêne. A gauche, un homme à la jambe de bois n'a pas été épargné. Gardés par des soldats au pied de l'arbre, d'autres attendent le moment de leur mort, avant de monter sur une échelle occupée par un bourreau et un confesseur. Ce dernier, une croix à la main, semble pardonner les derniers péchés. Ironie du sort, de l'autre côté, deux misérables jouent aux dés sur un tambour, quelques minutes seulement avant de rendre leur dernier souffle. Pratiquée en public, la pendaison avait pour objet de marquer l'esprit du plus grand nombre en laissant la dépouille de la victime accrochée plusieurs jours à son gibet. Une cruauté saisissante se dégage de cette célèbre gravure.

Restauré en 2013

Clermont-Ferrand ; musée d'art Roger-Quilliot

propriété de la commune ; ancien fonds ; Clermont-Ferrand ; musée d'art Roger-Quilliot

979.21.2

Chroniques de papier, dessins et gravures d'histoire, Musée d'art Roger-Quilliot [MARQ], du 14 septembre 2013 au 30 mars 2014.

MEYER Christelle

© Ville de Clermont-Ferrand, musée d'art Roger-Quilliot, 2016, © Service des Musées de France, 2016

© cliché Musée d'art Roger-Quilliot, Rémi Boissau

Renseignements sur le musée

M0121003005