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Réponse n° 27
Domaine

orfèvrerie ; médiéval ; croyances - coutumes

Dénomination

reliquaire-monstrance

Titre

Monstrance eucharistique

Auteur/exécutant

anonyme (auteur)

Ecole

Italie

Lieu création / utilisation

Italie, Toscane, Florence (lieu de création)

Période création/exécution

3e quart 14e siècle

Historique

Répertoriée lors de son entrée au musée comme un travail français du 15e siècle, cette oeuvre est à rattacher indiscutablement à la production des orfèvres toscans du Trecento. Tous les éléments du décor et de la mouluration appartiennent en effet au vocabulaire habituel de cette production : la forme du noeud, en sphère aplatie ornée de bossettes, son décor de feuillages, sont caractéristiques de l'orfèvrerie toscane du 14e siècle. On les retrouve sur d'innombrables objets, notamment les calices dont Sienne, après le modèle fameux du calice de Nicolas IV et les brillantes créations de Tondino di Guerrino et Andrea Riguardi, s'était fait la spécialité. La bande de quadrilobes décorant la moulure du pied est similaire à celle de la base d'un ostensoir toscan daté par M. Gauthier de la deuxième ou troisième décennie du 14e siècle, ou au décor du bras-reliquaire de saint Louis de Toulouse, ou de bien d'autres objets moins célèbres. De même, moulures de denticules et petits cercles sont-ils présents dans l'orfèvreire toscane, souvent siennoise, du 14e siècle. Enfin, le décor des plaques de la tige, des losanges posés sur leur pointe sur un fond guilloché, appartient au répertoire de l'orfèvrerie toscane tout au long du14e et du 15e siècle. La forme et l'ensemble du décor de cette monstrance la rattachent donc à un ensemble relativement bien connu, celui de l'orfèvrerie d'Italie centrale, qui connut un prodigieux développement au cours du14e siècle, alimentant l'Italie et les cours européennes en objets liturgiques précieux, mais aussi de fabrication plus modeste. La monstrance-reliquaire de Dijon appartient à cette dernière : en effet, le décor d'émail est limité aux bossettes du noeud, le pied et la tige étant seulement ornés d'éléments gravés ou guillochés ; les émaux sont opaques champlevés sur cuivre, et non translucides sur argent. C'est par l'étude des médaillons d'émail du noeud qu'il est possible de mieux situer l'origine de cette pièce. (...) La comparaison avec des oeuvres florentines du Trecento, production beaucoup moins étudiée que l'orfèvrerie siennoise, offre des rapprochements plus satisfaisants. Sur le devant d'autel créé par Andrea Pucci Sardi pour le Baptistère, première oeuvre connue de l'émaillerie florentine, on reconnaît la forme des yeux à la paupière inférieure très incurvée, à la pupille marquée par un point, même si le reste des traits du visage est fort différent des personnages de la monstrance de Dijon. L'émaillerie florentine prit son essor dans les années 1320-1330, avec la fabrication d'objets relativement modestes, mais aussi de croix de procession dont certaines, conservées au Musée du Bargello présentent des analogies avec les émaux de la monstrance-reliquaire : ainsi les plaquettes d'émail ornant une croix datée des années 1340-50, où la Vierge et saint Jean ont les mêmes traits caractéristiques : forme des yeux, absence de nez, bouche petite. Plus proche encore, le reliquaire de saint Janvier, daté de 1373, présente sur son noeud des émaux tout à fait similaires à ceux de la monstrance de Dijon, notamment la figure de saint Paul (...). Ces émaux pourraient donc provenir d'un même atelier florentin. (...). Cette datation dans le troisième quart du Trecento montre bien comment ont pu coexister tout au long du siècle émaux translucides et émaux champlevés, ces derniers correspondant à des oeuvres d'usage plus courant. L'orfèvrerie italienne ne s'est pas épanouie seulement dans le foyer siennois, mais aussi à Florence, Arezzo, Pistoia, Pise ou Lucques. La monstrance-reliquaire de Dijon, sans être une oeuvre de grand prix, comme en témoignent les matériaux utilisés ou même l'absence d'inscription dédicatoire, rend compte de l'existence, à côté des ateliers siennois, d'autres centres de production encore relativement mal connus. Enfin, après sa localisation et sa datation, nous avons cherché à préciser davantage la fonction de cet objet, dont la dénomination était floue, variable selon les inventaires : reliquaire, reliquaire-monstrance, réserve à hosties... Les pièces similaires que nous avons pu recenser, énumérées ci-dessus, témoignent de la même diversité de dénomination. Cependant l'inscription figurant sur le couvercle du reliquaire-monstrance d'Amiens désigne cet objet comme "tabernacholo" : tabernacle, ou réserve à hostie, telle semble donc avoir été la fonction première de cet objet. Mais le flou dans les termes actuels les désignant n'est que le reflet de la pluralité des fonctions remplies par ces objets liturgiques. Ainsi, si depuis le 13e siècle, le culte du "Corpus Domini" était allé en se développant, marqué par l'instauration en 1264 de la Fête-Dieu ou fête du Saint-Sacrement, cette dévotion nouvelle avait suscité un besoin de faire voir l'hostie ; à partir de cette période commencent donc à apparaître les ostensoirs ou les monstrances, dont la partie de verre ou de cristal permet au dévot d'avoir un contact visuel avec l'objet de son culte. Cependant, ce "désir de voir" le corps du Christ ressortissait du même "désir de voir" les reliques qui s'était manifesté de façon croissante dans un culte des saints en constant développement depuis le 11e siècle ; besoin de toucher ou de voir, désir d'un contact de plus en plus proche avec les corps saints avaient amené une évolution dans l'architecture des tombeaux des saints aussi bien que dans les objets aux dimensions plus réduites abritant les reliques. Aussi les hosties exposées lors de la fête du Saint-Sacrement ou de grandes cérémonies le furent-elles souvent au départ dans ces reliquaires qui permettaient d'avoir accès à l'objet de la dévotion. Parfois hosties et reliques étaient exposées simultanément dans la même monstrance, le plus souvent d'anciennes monstrances à reliques furent transformées en monstrances eucharistiques par adjonction d'une custode, ou en fixant l'hostie dans une lunule. L'indifférenciation dans l'usage de ces vases sacrés se reflète dans les termes pour les désigner : le nom le plus ancien - il apparaît dans les sources dès le 11e siècle - définissant le récipient contenant des hosties, "pyxide", fut aussi utilisé dès le 9e siècle pour des objets contenant des reliques. Plus tard, alors que la forme du reliquaire-ostensoir se multiplie, des termes nouveaux apparaissent : "monstrantia" et "tabernaculum" au 14e siècle, le terme même de reliquaire semblant le plus tardif. Mais tous sont employés aussi bien pour désigner des reliquaires au sens strict du terme que des monstrances eucharistiques. Aussi ne nous reste-t-il qu'à conserver la double dénomination de monstrance-reliquaire, significative de l'usage multiple de ces vases sacrés, et symbolique d'une dévotion unissant dans un même désir de voir les corps saints et le corps du Christ. (Notice d'Elisabeth Antoine, extraite de "Identification de quelques pièces d'orfèvrerie italienne du XIVe au XVIe siècle dans les collections de Dijon", Bulletin des Musées de Dijon, n° 1, 1995)

Matériaux/techniques

cuivre, cristal, doré, embouti, gravé, fonte, champlevé, émail

Description

Cuivre fondu, embouti, gravé et doré, noeud constitué de plaquettes d'émail champlevé sur cuivre (bleu sombre, rouge, noir), monstrance en cristal

Dimensions

Dimensions Hauteur : 32.5 cm ; Diamètre du pied : 14 cm

Sujet représenté

figures bibliques (Vierge, sainte Madeleine, saint, abbé, saint Antoine ermite, saint Michel, ange, saint Jean l'Evangéliste, saint Paul)

Précision sujet représenté

Sur les médaillons des bossettes : la Vierge, sainte Madeleine, un saint abbé (saint Antoine ?), un ange tenant une croix (saint Michel ?), saint Paul, un jeune saint imberbe (saint Jean ?).

Lieu de conservation

Dijon ; musée des beaux-arts

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier

Statut juridique

propriété de la commune ; legs ; Dijon ; musée des beaux-arts

Date acquisition

1916

Anciennes appartenances

Collection privée, Pichot-L'Amabilais Pierre-Jean-Baptiste-Henri ; Collection privée, Dard Marie-Henriette

Numéro d'inventaire

D 975 ; D.980.1.8 (MAS Dijon) ; 1506 (Inv. Dard après décès)

Exposition

Exposition d'art religieux, Dijon : Chapelle Sainte-Anne, 1933

Bibliographie

Inventaire de la collection Dard, 1916 (manuscrit) (n° 975 (France, XVe siècle))
Bordet (Louis), "L'exposition d'art religieux de Sainte-Anne", La Vie diocésaine, revue de l'activité catholique dans le diocèse de Dijon, 1933 (p. 603)
Marion (François), Les arts mineurs au musée de Dijon, Dijon, 1934 (p. 87, fig. 23)
Hahnloser (H.R.) et Brugger-Koch (S.), Corpus der Hartsteinschliffe des 12-15 Jahrhunderts, Berlin, 1985 (p. 173)
Taburet-Delahaye (Elisabeth), L'Orfèvrerie gothique au Musée de Cluny (XIIIe-début XVe siècle), Paris : Editions de la Réunion des musées nationaux, 1989 (p. 175)
Antoine (Elisabeth), "Identification de quelques pièces d'orfèvrerie italienne du XIVe au XVIe siècle dans les collections de Dijon", Bulletin des musées de Dijon, Dijon, 1995, n°1, p. 38-46 (p. 39-41)

Rédacteur

Jugie Sophie ; Bardin Dominique

Copyright notice

© Dijon, musée des beaux-arts, © Service des musées de France, 2017

Crédits photographiques

© Bourquin, © Dijon, musée des beaux-arts

 

Renseignements sur le musée

 

01370021980

Notices :  

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Requête :   ((reliquaire) :DENO )
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