Description
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Le gobelet à profil évasé repose sur une base plate. Son aspect général et ses dimensions rappellent les pièces n° 2005-0-47 (Dijon, musée des Beaux-Arts) et n° 30720 (Prague, musée des Arts Décoratifs). De même, le décor gravé s'en inspire très largement pour la composition et le sujet. Les cinq scènes, juxtaposées au centre du gobelet, sont emprisonnées sous une arcature en plein cintre, soutenue par de pesantes colonnes, à la manière de la pièce du musée de Dijon du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle, tandis que le sujet est identique au gobelet du musée des Arts Décoratifs de Prague, daté des années 1685-1690. Ce dernier reproduit avec exactitude l'Allégorie des cinq sens de Maarten de Vos, gravé par A. Collaert à la fin du XVIe siècle. Le traitement général du sujet varie, mais les motifs évocateurs sont sensiblement identiques dans la mesure où ils permettent d'identifier immédiatement l'allégorie. Les fleurs, les mets, l'instrument de musique, le miroir à main et l'oiseau, symbolisent ainsi respectivement l'odorat, le goût, l'ouïe, la vue et le toucher. Chaque personnage a donc en sa possession un ou plusieurs attributs. Ainsi, le premier hume l'un des deux bouquets de fleurs tenus dans chacune de ses mains, le second porte des mets à sa bouche, un autre joue d'un instrument de musique, le suivant semble dresser un oiseau posé sur son avant-bras à l'aide d'une branche et, enfin, le dernier observe son image dans un miroir à main. Il est étonnant de constater l'irrégularité du soin apporté au traitement des allégories. L'artiste prend ainsi la peine de graver deux espèces de fleurs différentes ou insiste particulièrement sur la capacité à voir de près comme de loin, grâce au miroir et à la longue-vue, alors qu'il nous est impossible d'identifier les aliments et que le reflet du miroir ne peut évidemment pas correspondre à la face du personnage, introduisant alors une certaine naïveté. La présence d'un être hybride, mi-homme, mi-cheval, jouant d'un instrument à cordes, est pour le moins surprenante et inhabituelle. Nous pouvons toutefois voir en lui la représentation de l'initié à la manière du satyre qui participe aux Mystères dionysiaques. La nudité des corps, traités de profil ou de trois quarts, uniquement parés d'une ceinture nouée dans le dos, constitue le moyen idéal pour l'artiste de prouver ses compétences artistiques et ses connaissances anatomiques. Une frise de cercles taillés, régulièrement disposés, encadre le décor. L'artiste a fait le choix de ne pas utiliser toute la surface dont il disposait, mais plutôt de concentrer le décor sur le haut du gobelet et de laisser ainsi une large bande dépourvue d'ornement près de la base. L'inspiration identique de la pièce n° 30720 et la composition similaire au gobelet n° 2005-0-47 nous incitent à dater notre objet de la fin du XVIIe siècle, tandis que Monsieur Jean-Luc Olivié reconnaît une production du siècle suivant. La datation de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle nous semble donc un bon compromis. (Petit, 2005)
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Bibliographie
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Petit (Géraldine), Catalogue raisonné de la collection de verrerie occidentale (XVe-XXe siècles) du musée des Beaux-Arts de Dijon, 2 vol., Mémoire de Master I d'histoire de l'Art Moderne de l'université de Bourgogne, 2005 (Vol. I, n° 42)
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