Historique
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Le compositeur Ernest Chausson (1855-1899), qui avait été l'élève de Massenet et de Franck, était lié avec de nombreux musiciens, écrivains et peintres de l'époque. Son Salon de la rue de Courcelles à Paris était fréquenté par Debussy, Fauré, Vincent d'Indy, Mallarmé, Puvis de Chavannes, Degas et Monet. Il possédait d'ailleurs une collection de toiles impressionnistes et symbolistes. C'est par l'intermédiaire de son beau-frère Arthur Fontaine, lui-même lié à Henry Lerolle, et du compositeur Raymond Bonheur que l'auteur du Roi Arthus qui avait aussi mis en musique Maeterlinck ou Tourguéniev rencontra Carrière. Carrière, déjà célèbre pour ses maternités, devait alors paraître comme particulièrement qualifié pour exécuter des portraits de famille. Son tableau La famille du peintre, exposé en 1893 (Musée d'Orsay), favorisa sûrement ce jugement. Celui de La famille Chausson est un exemple extrême, par le nombre de personnages qui l'apparente, toutes proportions gardées, aux Ménines de Vélasquez. Le tableau définitif (278 x 237 cm) resta jusqu'en 1952 dans cette famille, avant d'être offert au Musée de Lyon (inv. 1952-22). Carrière réalisa plusieurs études et esquisses peintes, afin de mettre en place la composition. On connaît aussi des études isolées d'Ernest Chausson, de sa femme Jeanne, et de leur fille Etiennette, donnés pour certains par Carrière à la famille Chausson en 1895. Il eut le souci de regrouper harmonieusement les cinq personnages à l'aide de courbes traduisant leurs liens affectifs. Ils sont présentés de face, dans un intérieur à l'architecture stricte, mais Carrière a hésité à faire figurer assis l'un des parents. Sur l'esquisse de Saint-Cloud, le format a été corrigé. Sur la version définitive la robe blanche de la mère est le centre du tableau, d'où jaillit la lumière, la vie, ce que ne laisse pas présumer notre esquisse. À la réception de l'oeuvre, Chausson écrivit à Carrière : " Notre tableau est placé. Il fait admirablement et j'ai un plaisir tout particulier à le regarder. D'abord c'est un chef-d'oeuvre, et puis il me rappelle des heures d'intime causerie qui m'ont été précieuses. Je lui suis reconnaissant de l'amitié que vous avez bien voulu me témoigner. Croyez que mon admiration pour votre peinture se double d'une vive affection pour vous " (Musée du Louvre, MS 425 (2)).
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