Historique
|
Témoignage d'une période traversée par de nombreuses turbulences sociales, politiques ou idéologiques, mais aussi par un formidable espoir de renouveau, La Capture du rhinocéros, exécutée en 1970, relève de la série dite des Hommes rouges, thème traité par l'artiste de 1968 à 1971. Signe d'un engagement fort, Henri Cueco représente dans cette toile, comme une révolution en marche, les manifestations et les combats que mènent les hommes pour s'affranchir des normes devenues contraignantes et inadaptées. Inspiré par la pièce d'Eugène Ionesco fustigeant les comportements de la foule qui cède à l'épidémie de rhinocérite, métaphore des dérives du fanatisme et des systèmes totalitaires, l'artiste, tout en évoquant les conflits et la contestation, milite ostensiblement pour l'émancipation des peuples. Par l'autoportrait en buste qu'il insère au bas de la composition, probable référence au célèbre Cri d'Edvard Munch, écho de son angoisse et de ses tourments, le peintre exprime, à la face du spectateur, son sentiment de colère. Acteur majeur de la " Nouvelle Figuration ", mouvement pictural qui se développe en France au début des années 60 autour d'artistes trentenaires parmi lesquels figurent Gérard Fromanger, Jacques Monory ou encore Bernard Rancillac, Henri Cueco donne, dans l'agitation ambiante d'une société qui avait encore l'utopie d'espérer en de meilleurs lendemains, une dimension politique à son ouvre. En 1969, il participe à une aventure collective au sein de la " Coopérative des Malassis ". Outre Cueco, cette brigade anticonformiste en pleine crise idéologique se compose des peintres Parré, Tisserand, Fleury et Latil. Elle apparaît aujourd'hui, de par sa doctrine, quelque peu iconoclaste, mais aussi par l'audace de ses actions, comme une authentique avant-garde. Sans doute la force du message doit-elle prendre le pas sur la facture, Henri Cueco, qui durant la période des Hommes rouges veut montrer le désordre comme un ordre, la violence comme une nécessité, utilise une technique assez simple. Les personnages sont ici tout en rondeur. La matière, appliquée par d'imposants aplats, est composée de couleurs primaires ravivées par une laque brillante destinée à renforcer les effets. Bien au-delà d'étoffer notablement le fonds grandissant consacré à la Figuration Narrative, cette importante composition, acquise en 2004, compte désormais parmi les oeuvres les plus significatives de la seconde moitié du XX eme siècle du Musée des Beaux-Arts de Pau (DV. 15 ans 09/2008)
|
Bibliographie
|
Le Festin 2008 "Trésors du musée des Beaux-Arts de Pau, 15 ans d'acquisitions", Le Festin, hors-série, Bordeaux, octobre 2008. (Le Festin 2008, repr. p. 83.)
|