Précision auteur/exécutant
|
MORERE : Paris, 1907 ; Castillon-en-Couserans, 1942 ; Disparu prématurément à l'âge de 35 ans, René Morère n'en laisse pas moins une oeuvre riche, tourmentée et parfois même flamboyante. Issu d'une famille ariégeoise installée à Paris où il est un élève brillant, sa vocation de peintre se manifeste très tôt. Etonnamment doué, attiré par l'odeur de la peinture à l'huile, dira-t-il plus tard, il aborde sa brève vie d'artiste en copiant au Louvre des ouvres de Rubens dès douze ans. Morère, qui séjourne régulièrement dans le Sud-Ouest, organise en 1926 sa première exposition particulière à Pau. Au-delà d'un public, il rencontre en Béarn quelques personnalités dont René-Marie Castaing et le docteur Cornet, qui deviendront ses admirateurs, mais aussi de sincères amis. En 1931, il installe son atelier rue Lepic à Montmartre et participe au Salon des Indépendants en présentant une Annonciation un brin iconoclaste, conservée au Musée des Beaux-Arts de Pau. L'année suivante, il rapporte de Barcelone des études enfiévrées de danseuses de cabaret et à la fin des années 30, ce sont les horreurs de la guerre d'Espagne qu'il décrit dans ses toiles. Son ouvre, empreinte d'une urgence que sa grave affection pulmonaire provoque, manifeste parfois un sentiment de violence proche du désespoir. Après avoir dessiné avec des lignes simples, il cherche de plus en plus les noeuds et les cassures de l'anatomie , écrit-il à son ami le peintre et critique Henri Héraut. L'intensité expressive de sa palette aux couleurs vives et à la touche acérée ainsi que les réactions émotionnelles face à ces visages souvent hagards ou révoltés ont rapproché sa peinture du mouvement expressionniste. Le lien unissant René Morère, à l'état de santé chancelant, au du docteur Cornet dégageait une solide complicité. Ce portrait, presque rassurant dans l'ouvre exaltée de l'artiste, se démarque par l'aspect sympathique qu'il donne à son modèle. En effet, ce médecin bordelais installé à Pau, spécialiste de la tuberculose pulmonaire, était également un acteur influent de la vie intellectuelle et culturelle paloise. Il pose ici vraisemblablement derrière le bureau de son cabinet. Si la touche demeure vive, les tons, quelque peu adoucis, confèrent à l'ouvre un relatif apaisement. Le mouvement est saisi par la légère inclinaison du docteur qui, comme il pourrait le faire en fin de consultation, semble s'appuyer sur l'accoudoir de son fauteuil pour se redresser. A l'instar des portraits du docteur Gachet exécutés par Van Gogh, Morère, dont la destiné comporte quelques similitudes avec celle du célèbre hollandais, signe ici, peu de temps avant de mourir, le portrait d'un docteur intimement lié au milieu artistique. (DV. 09/2008)
|
Bibliographie
|
Le Festin 2008 Trésors du musée des Beaux-Arts de Pau, 15 ans d'acquisitions, Le Festin, hors-série, Bordeaux, octobre 2008. (Le Festin 2008, repr. p. 59-60-89.) Dussol 2011 (Dussol 2011, repr. p. 229)
|