Historique
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Un lion majestueux, fièrement campé, porte dans sa gueule une jeune femme inanimée : c'est le peuple masculin appelé au suffrage universel qui promène sa proie, la royauté. Il s'agit tout bonnement d'une allégorie de propagande républicaine. Constant, fils d'un négociant en vins et propriétaire libournais, réalise cette sculpture en 1877, dans les toutes premières années de la Troisième République, période historique riche en rebondissements où conservateurs et républicains s'affrontent violemment. En octobre 1877, ont lieu des élections dont le résultat allait renforcer l'assise de la toute jeune République. En effet, une majorité républicaine est donnée à la Chambre des Députés. Mac-Mahon doit alors reconnaître les limites des pouvoirs du président - ce qui barre définitivement la route au Comte de Chambord, chef de file du courant légitimiste - et accepter un gouvernement de centre gauche. Le lion, symbole de domination - pourtant traditionnel emblème de la monarchie -, pose ici en démocrate viril et sûr de lui, emportant crânement sa dépouille, la royauté, pour s'en repaître. La version conservée au musée est la maquette du monument dressé dans le square du 15e Dragons. Réalisée en plâtre, la sculpture fut détruite malencontreusement par un jardinier, en 1921.
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