Précision utilisation/destination
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Jusqu'en 1850, l'ornementation religieuse - ici, ostensoirs - domine dans le décor sculpté des meubles. Au XVIIIe siècle, l'armoire remplace le coffre dans la dot de la mariée. Des dessins d'Olivier Perrin retracent le rituel festif auquel donnait lieu en Cornouaille, au début du siècle dernier, l'installation du meuble au domicile du nouveau couple : "Les sonneurs - joueurs de biniou et de bombarde - sont accourus à sa rencontre et (...) l'ont solennellement annoncée à tous les échos (...). Les portes de la maison ayant été fermées, les parents et amis de la mariée demandent, à travers l'étroite fenêtre qu'on a seule laissée ouverte, par où diable on veut que l'armoire y soit introduite. Ils ont pour interprète un vieux tailleur, célèbre dans le pays par ses discours facétieux (...). L'orateur chargé de soutenir l'honneur (du marié) et de sa famille (...) lui répond de l'intérieur du logis (...) qu'on y attend, il est vrai, et avec une impatience bien naturelle, la jeune épouse du fils de la maison, mais on n'y attend qu'elle, et on n'y veut qu'elle (...) car l'honneur de la recevoir est certes assez grand pour qu'on ne désire pas autre chose. Le tailleur (...) déclare que si l'introduction de l'armoire n'est pas volontaire, il faudra bien qu'elle ait lieu de force (...) puis, sur le refus réitéré du discoureur adverse, il fait dételer la charrette et en dirigeant le timon contre l'une des portes comme pour la défoncer, commence toutes ces jongleries symboliques (...). Enfin, la porte a été ouverte, et, malgré les nouvelles protestations de l'orateur qui doit jouer jusqu'au bout la délicatesse et le désintéressement, l'armoire est introduite dans le domicile conjugal au milieu des encouragements du biniou et des acclamations de la foule. A sa suite entrent les amis et les parents qui viennent déposer sur la table leurs cadeaux de beurre, de lait, de crêpes, etc."("Breiz-Izel", Alexandre Bouët, 1835)
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