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Réponse n° 105
Domaine

archéologie ; sculpture ; épigraphie ; croyances - coutumes ; romain

Dénomination

base

Titre

Base de statue d'Hercule

Période création/exécution

2e quart 1er siècle ; 3e quart 1er siècle ; 4e quart 1er siècle ; 2e siècle ; 1ère moitié 3e siècle

Historique

L'usage des tria nomina par le dédicant indique une date entre la 2e moitié du 1er siècle et la 1ère moitié du 3e siècle. L'usage du prénom Cnaeus suggère plutôt la première partie de cette période. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°175) ; La présence de deux inscriptions sur un même autel est inhabituelle, mais s'explique facilement : la face antérieure commémorait la dédicace à Hercule de Cn. Pompeius Hyla(s), alors que la face postérieure rappelait la nature de l'offrande : une statue d'argent à l'effigie de la divinité, d'un poids de 12 livres. Le théonyme est d'ailleurs au datif sur la face antérieure (la dédicace) et au nominatif sur la face postérieure (Herculis pour Hercules, qui désigne le titulaire de la statue). En dépit de cette cohérence, les deux textes paraissent ne pas avoir été gravés de la même main : l'inscription de la face antérieure, gravée en lettres élégantes et suivant une ordinatio soignée sur un champ épigraphique poli, contraste avec celle de la face postérieure, dont la mise en page est plus maladroite et dont les lettres, plus grossières, ont été gravées de façon beaucoup plus irrégulière sur un champ épigraphique mal dégrossi. Il faut peut-être restituer deux temps dans l'exécution : celui de la réalisation de l'autel et de la face antérieure, celui de son installation et de l'ajout, au moment de la consécration, de la statue en argent de la divinité, scellée au sommet. A ce second temps pourrait également appartenir le rajout, sur la face antérieure, des épiclèses Ilunno et Andose entre les lignes 3 et 4 de l'inscription originelle. Ces épiclèses appartiennent au registre de la langue aquitanique. Il(l)un(n)us est attesté individuellement, comme théonyme, notamment à Montauban-de-Luchon dans la vallée de la Pique (Haute-Garonne) et à Cadéac dans celle de la Neste (Hautes-Pyrénées). Il se rencontre également en composition dans des théonymes comme Astoilunno ou Arsilunno. J. Gorrochategui proposait de distinguer les deux types d'emplois, considérant que le vocable ne pouvait avoir ni la même fonction ni le même sens suivant qu'il désignait une divinité ou qu'il constituait simplement un qualificatif. Si la distinction de fonction est indéniable, un usage sémantique totalement différent paraît plus difficile à envisager. Le sens d'Il(l)un(nus) en composition ne pouvait être totalement différent de celui du théonyme Il(l)un(nus). Il faut donc probablement accepter l'existence d'un rapport suffisamment clair entre Hercule et le dieu aquitanique Il(l)un(nus) ou entre les qualités des deux divinités pour que les deux noms pussent être ainsi accolés. L'épiclèse Andose, dans laquelle pourraient se reconnaître le radical -And-, le suffixe -os(s)-, et une terminaison en -e fréquente dans les théonymes aquitaniques, est analogue à la forme Andosso, également utilisée comme épiclèse à deux reprises, une fois pour Hercule et une fois pour la divinité aquitanique Bascei (au datif). Andose/Andosso, comme Ilunno, désignent par conséquent une (ou des) qualité(s) applicable(s) à Hercule, qualité(s) qu'il partageait au moins avec le dieu Basce. Malgré la fréquence de la racine Andos(s)s- dans la formation des anthroponymes, aucune de ces formations, simples ou composées, n'est utilisée seule en position de théonyme, à la différence d'Ilun(nus). Il s'agit donc plus vraisemblablement d'une épiclèse que d'un théonyme, dont aucune attestation ne serait conservée. Pas plus que pour Ilun- il n'a été identifié pour And-oss- de rapprochement décisif avec des termes basques. L'hypothèse d'une parenté avec le basque (h)andi (grand), formulée par A. Luchaire, reprise par R. Lizop et acceptée par L. Michelena, est cependant la plus probable, même si elle ne fait ne fait pas l'unanimité. Il faut cependant reconnaître qu'une traduction d'Andose par Magnus ou Maximus, épithètes traditionnelles d'Hercule comme Invictus, conviendrait à l'inscription gravée sur l'autel de Narbonne. Le dédicant est un affranchi au surnom oriental d'Hylas, relativement commun parmi les classes serviles ou affranchies. Son ancien maître était un Cnaeus Pompeius, gentilice fréquent dans la cité des Convènes, probablement en raison de l'octroi par Pompée de la citoyenneté à certains membres des aristocraties locales à l'issue des campagnes contre Sertorius. Le lien de cette inscription, indubitablement issue de Narbonne puisqu'elle fut découverte en remploi dans le rempart, avec la cité des Convènes est donc illustré à la fois par les épiclèses aquitaniques appliquées à Hercule et, de façon moins probante, par la présence d'une gens Pompeia. La dédicace ayant été déposée à Narbonne, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées. La seule certitude est la réalisation en deux temps de l'inscription, que suggère l'analyse de l'ordinatio et de l'épigraphie. L'autel, en marbre blanc des Pyrénées, a pu être réalisé, avec la première partie de l'inscription, dans la cité des Convènes ; l'ajout de la statue et de la suite de l'inscription a pu être effectué lors de la consécration de l'offrande à Narbonne. Une reconstitution de ce type suppose une gens convène entretenant des relations avec Narbonne. Hylas, affranchi de la gens, aurait fait réaliser l'autel, puis l'aurait fait transporter et consacrer à Narbonne, peut-être par un intermédiaire à qui il aurait confié le soin de l'exécution de la statue et de la fin de la dédicace. Une autre hypothèse, plus simple, est celle d'une réalisation de la totalité de l'autel à Narbonne, dans du marbre pyrénéen et en deux temps. L'affranchi peut être alors l'ancien esclave convène d'une gens de Narbonnaise, à qui ses anciens maîtres ont donné, comme il est courant, un surnom oriental. Lors de la consécration de l'autel à Hercule et de l'installation de la statue, il aurait fait ajouter à l'inscription initiale, classique, des éléments tirés de sa culture d'origine. On ne saurait exclure, non plus, l'ajout tardif, à Toulouse, de la ligne 4 de la face antérieure, hypothèse qui rendrait caduque celle d'une relation de cet autel avec la cité des Convènes. La qualité de la gravure et le choix des épiclèses rendent cependant cette dernière reconstruction peu plausible. (Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008)

Découverte/collecte/récolte

France ; Aude ; Narbonne ; (Narbonne (mur du rempart), lieu de découverte)

Précision découverte/collecte

Cette base se trouvait en remploi dans les remparts de Narbonne jusqu'en 1659, date à laquelle elle en fut retirée sur la demande de l'archevêque de Toulouse, Monseigneur de Marca, qui l'emporta dans sa ville. Le monument fut plus tard en la possession de M. de Caulet-Graignague, président au Parlement, qui le céda à B. de Montfaucon, membre de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres. Il était déjà présent au Musée de Toulouse en 1797. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°175)

Matériaux/techniques

marbre blanc, taillé, gravure

Description

Base L'angle supérieur gauche de la face postérieure est brisé. Modénature : filet droit, doucine droite, listel plat, rainure d'onglet sur les quatre faces. Corps Les arêtes du corps sont érodées, des traces de ciseau sont bien visibles sur les faces latérales et postérieure. Cimaise Les angles de la cimaise sont brisés. Une cavité rectangulaire (20 x 18 cm), qu'il faut identifier comme une mortaise, est creusée en son centre. DECOR La face latérale gauche est décorée d'un vase à panse très bombée (5,5 cm de relief), muni de deux anses accrochées à la panse et à la lèvre. De l'embouchure s'échappent deux tiges terminées par une feuille de lierre stylisée. La face latérale droite porte un décor composé d'une léonté dont on distingue nettement les plis à droite et la queue à gauche, et d'une massue dont l'extrémité inférieure est brisée. (Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008)

Dimensions

Hauteur en cm 99.4 ; Largeur en cm 44.3 ; Profondeur en cm 35.3

Inscriptions

inscription (latin)

Précision inscriptions

inscription, faces principales : Ordinatio et paléographie Le lapicide a réalisé une mise en page médiocre, malgré une bonne répartition du texte dans le champ épigraphique (un mot par ligne aux cinq premières lignes) et un effort de disposition particulière pour les lignes les plus courtes (deus décentré légèrement à gauche à la ligne 1 et syllabe -cit décalée vers la droite à la dernière ligne). L'alignement à gauche est approximatif et le mot fecit est coupé par un retour à la ligne. L'espace disponible a été mal géré à la ligne 5 : les cinq premières lettres de la ligne sont assez espacées, tandis que la césure n'est évitée qu'au prix d'un resserrement des quatre lettres suivantes et de deux ligatures. Enfin, l'inscription est décentrée vers le bas, un espace important étant laissé vacant au-dessus du texte, tandis que la taille de la dernière interligne est fortement rétrécie par manque de place. La gravure, médiocre, est cependant profonde. Les lettres sont irrégulières et les traits ne sont pas toujours rectilignes. Le lapicide a probablement érasé des lettres initiales sous la ligature actuelle 'TE', car un creux marqué s'observe à cet endroit. Plusieurs particularités paléographiques peuvent être relevées. Les G sont spiralés, la boucle des R est très petite et les E sont parfois étroits. Le premier jambage des N est légèrement oblique et la première oblique des V est plus inclinée que la seconde, en particulier à la ligne 4, où la seconde oblique est presque verticale. H. des lettres : l. 1 : 6 à 6,5 ; l. 2 : 5,7 (S : 6,2) ; l. 3 : I, N et V : 6,1 ; lettres suivantes : 5,9 ; l. 4 : 6,1 ; l. 5 : 5,8 ; l. 6 : 6,2 à 6,4 ; l. 7 : 6 à 6,2 ; l. 8 : 5. (Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008) : Inscription de la face antérieure : CN POMPEIVS / CN L HYLA / HERCVLI / ILVNNO ANDOSE / V.S.L.M Inscription de la face postérieure : DEVS / HERCVLIS / INVICTVS / SIGNVM / ARGENTEVM / P.P. XII DE SVA / PECVNIA FE/CIT (lecture L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°175) : Inscription de la face antérieure : Cn(aeus) Po'mp'eius, / Cn(aei) l(ibertus), Hyla / Herculi / Ilunno Andose / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito). Inscription de la face postérieure : Deus / Herculis / Inuictus. / Signum / argenteum / p(endens) p(ondo libras) XII (duodecim) de sua / pecunia fe/cit., traduction : Inscription de la face antérieure : Cnaeus Pompeius Hyla, affranchi de Cnaeus, s'est acquitté de son voeu de bon gré et avec une juste reconnaissance à Hercule Ilunnus Andose. Inscription de la face postérieure : Le dieu Hercule invincible. (Cnaeus Pompeius Hyla) a fait exécuter cette statue d'argent d'un poids de douze livres sur ses propres fonds.

Utilisation/destination

pratique votive

Sujet représenté

ornementation (vase, lierre, léonté, massue)

Lieu de conservation

Toulouse ; musée Saint-Raymond

Statut juridique

propriété de la commune ; mode d'acquisition inconnu ; Toulouse ; musée Saint-Raymond

Anciennes appartenances

Collection privée, Monseigneur de Marca ; Collection privée, M. de Caulet-Graignague ; Collection privée, B. de Montfaucon

Numéro d'inventaire

Ra 325 ; 31004 (Ancien numéro)

Bibliographie

Montfaucon (Dom Bernard de), L'antiquité expliquée et représentée en figures, II, Paris, 1722, (pl. 104, n° 252.)
Du Mège (Alexandre), Monumens religieux des Volces Tectosages..., Toulouse, 1814, (pl. 29 et 30.)
Sacaze (Julien), Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse, 1892, (p. 5-6, n° 1.)
Bulletin municipal de la ville de Toulouse, Toulouse, 1937. (p. 36.)
Catel (Guillaume), Mémoires de l'histoire du Languedoc, Toulouse, 1633, (p. 102.)
Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. I, années 1832-1833, Toulouse, 1834, (par V. d'André, p. 287.)
Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. XII, 1888, (n° 4316.)
Lucas (Jean-Paul), Catalogue des tableaux et autres monumens des arts formant le museum provisoire établi à Toulouse, Toulouse, an V = 1797, (p. 59, n° 79.)
(p. 53, n° 161.)
Du Mège (Alexandre), Notice des tableaux, statues, bustes, dessins, etc., composant le Musée de Toulouse, Toulouse, 1813, (n° 161.)
Du Mège (Alexandre), Notice des tableaux, statues, bustes, bas-reliefs et antiquités composant le Musée de Toulouse, Toulouse, s. l. n. d., 1818, (p. 72, n° 30.)
Du Mège (Alexandre), Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le Musée de Toulouse, Toulouse, 1828, (n° 35.)
Du Mège (Alexandre), Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, imprimerie de Jean-Matthieu Douladoure, 1835 (une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris), (n° 91.)
Roschach (Ernest), Musée de Toulouse. Catalogue des antiquités et des objets d'art, Toulouse, imprimerie Viguier, 1865, (n° 199.)
Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n° 325.)
Cazes (Daniel), Le musée Saint-Raymond, Musée des Antiques de Toulouse, éd. Somogy/Musée Saint-Raymond, Toulouse/Paris, 1999, (p. 50.)
Rodriguez (Laetitia) et Sablayrolles (Robert), Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, catalogue raisonné, 2008, (p. 224-227.)

Rédacteur

Mekrabech Souad

Copyright notice

© Toulouse, musée Saint-Raymond, © Service des musées de France, 2016

Crédits photographiques

© Toulouse, musée Saint-Raymond

 

Renseignements sur le musée

 

05630000591

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Requête :   ((1ère moitié 1er siècle) :PERI )
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