Précision sujet représenté
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Busiris, alias Osiris, est une réincarnation hellénique de la divinité royale égyptienne. Ce roi, fils de Poséidon, sacrifiait chaque année à Zeus un étranger pour s'assurer une bonne récolte. Sur le chemin des Hespérides, Héraclès fut arrêté, emmailloté de bandelettes, mené à l'autel. Au dernier moment, le fils de Zeus se libéra, tua Busiris et son fils Iphidamas, le héraut Chalbès et tous leurs co-sacrificateurs. " Cette histoire, qui est fort sotte ", a été rapportée avec sa fausse roublardise habituelle, par Hérodote (Enquête, II, 45) et répandue par Ovide (Métamorphoses, IX, 183-184). Une pyramide, plus romaine qu'égyptienne, des statues et colonnades : si vraiment Hercule apporte dans son pays les lois de la civilisation, elles risquent d'être considérées sur place comme celles de la barbarie. Le tableau de Corneille, selon Guillet de Saint-Georges, l'historiographe de l'Académie, fait partie d'une série de compositions académiques qui faisait revivre le héros à travers les travaux de Louis XIV (J. Montagu, p. 32). Chaque cadavre étalé aux pieds d'Hercule, selon les lourdes allégories du temps, porterait le nom d'un des vaincus de Louis. Cette complaisance, éloignée des pathétiques Niobides, rappelle en fait la cruauté des martyres. L'art et l'audace d'Homère ont montré la bêtise de l'héroïsme et l'humanité des victimes et des vaincus. La force docile et brutale d'Hercule n'avait pas sa place dans le monde homérique : comment prendre parti dans cette lutte qui oppose deux monstruosités, celle des dieux avides du sang versé, et celle de la montagne de muscles qui écrase toute vie sur sa route ? Reste que la temps de la monarchie absolue ne ressentait pas notre dégoût de l'héroïsme impitoyable, qui nous fait voir aujourd'hui cette scène comme nous regarderions une messe noire vouée aux idoles de l'ignorance et de la nuit.
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Exposition
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L'Art français au XVIIe siècle, exposition de dessins, tableaux, sculptures, gravures et documents d'archives conservés dans les collections de l'Ecole. Paris, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, mai-juillet 1961 EX 547 F 87 (n°121)
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